Côté cour, côté western

 

/spe.si.men/ Michel Dejardin, le cow-boy de l’opéra

« Là, je ne suis vraiment pas à l’aise ». C’est ce que me dit mon comparse photographe, tentant de garder les roues de sa voiture dans deux misérables rigoles, seules assises sur le chemin de terre particulièrement escarpé que nous empruntons le long d’un ravin vertigineux.

Notre remake du « Salaire de la peur » prend une meilleure tournure lorsque nous croisons un cheval qui nous regarde ironiquement derrière sa clôture, avant d’atteindre enfin, quelques dizaines de mètres plus haut, l’antre de notre hôte. Une maison littéralement juchée sur la colline, au milieu de prés et de bois.

Jeans, santiags, longue chevelure, visage marqué par une vie de spectacle, Michel Dejardin nous livre déjà ses histoires, tout comme l’attrape-rêve indien qui pendouille sous le rétroviseur d’un de ses quatre-quatres – « sans ça, on ne monte pas quand il y a de la neige. » Nous voulons bien le croire.

Nous prenons place dans un salon qui flaire bon l’« Americana », au coin du feu, au milieu de bibelots westerniens et de chats ronronnant bruyamment. Michel s’installe sur une chaise à bascule et dégaine les anecdotes plus vite que son ombre. « On m’appelle le dinosaure de l’opéra. J’ai fait un duel face à face avec Benoît Poelvoorde. J’ai participé à un sketch avec Morris, l’auteur de Lucky Luke, et à un clip pour le grand Jojo. Ma jument est montée avec moi sur la scène de l’opéra… »

Pendant près de trois décennies, Michel a combiné avec bonheur l’activité de coiffeur-perruquier à l’Opéra royal de Wallonie et celle de showman à Western-City, reconstitution de l’Ouest américain à Chaudfontaine. « A l’Opéra, je suis derrière les décors ; à Western-City, j’étais à l’avant-scène. J’ai toujours aimé le monde du spectacle. »

Déguisements, cascades, rodéos, bagarres dans le saloon, duels… Michel et ses comparses ne lésinaient pas sur les moyens pour incarner des cow-boys plus vrais que nature.

‒ Cela me fait penser au film de Jacques Brel…

‒ « Far West » ! Le film a été tourné dans un charbonnage dans les années 60 et l’équipe était d’ailleurs logée à Western-city. Je n’étais pas encore là et c’est dommage car j’aurais vraiment bien aimé le rencontrer. Mais le film est un navet.

‒ Le pitch était intéressant…

‒ Cela me fait penser à autre chose. Pendant longtemps, une personne qui m’avait vu lors d’un show a voulu me faire tourner dans un film, un western… Mais ça ne s’est jamais fait.

‒ Ce serait encore possible ?

‒ (il grimace) Ah non, fini maintenant !

‒ Quand on voit Clint Eastwood qui continue toujours…

‒ (en riant) Oui, mais à l’époque, c’était cascade sur cascade à Western-city… Je ne pourrais plus le faire. Mais c’était extraordinaire, un choix de vie que je ne regrette absolument pas.

 

 

 



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