« J’aime faire couler le café »

 

/spe.si.men/ Céline Crepin, guérisseuse aux bonnes intentions

Après un périple à travers champs et forêts, le petit village de Foy-Notre Dame et son église du 17e siècle nous apparaissent noyés dans la brume. Dans cette ambiance fantastique qui sied à merveille à ce haut lieu de pèlerinage, nous retrouvons Céline.

Déléguée d’un Service d’aide à la jeunesse, kinésiologue l’autre moitié du temps, Céline ne manque pas d’histoires à raconter. Mais nous sommes pourtant là pour un autre aspect de sa vie, un « petit secret hyper gratifiant ».

Remontons le temps. 2002. Céline réalise un mémoire d’anthropologie sur les guérisseurs de verrues et de brûlures en Belgique francophone. « J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs guérisseurs. C’est comme ça qu’une dame m’a transmis son don. »

‒ Comment ça s’est passé ?

‒ Je l’interrogeais sur la formule qu’elle utilisait. A ma grande surprise – la plupart des guérisseurs étant très réservés sur la question –, elle me l’a donnée d’emblée.

‒ Pourquoi ?

‒ Elle m’a dit qu’elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance en moi, que j’avais une « bonne bouille ».

‒ C’est comme ça que c’est venu ?

‒ C’est comme ça que c’est venu.

Au début, Céline reste discrète, « se fait la main » sur ses proches et prend conscience que ça fonctionne. De fil en aiguille, son don se fait connaître autour d’elle. Des personnes la contactent, d’abord pour des accidents domestiques puis pour des raisons beaucoup plus complexes comme un zona, des brûlures consécutives à des rayons anticancéreux… « Quand c’est quelque chose que je ne connais pas, je préviens toujours la personne que je vais essayer. Plus j’ai avancé avec les différentes expériences, plus je suis devenue sure de moi. Et, quand ça a marché, je ressens comme une sorte de frisson. »

Comment ça se passe concrètement ? « Si la personne est en face de moi, je récite la formule dans ma tête et je souffle en faisant la forme d’une croix trois fois. » Mais, de plus en plus souvent, l’acte se fait à distance, par l’entremise du téléphone. « J’essaie de visualiser la personne, même si je ne l’ai jamais vue, ainsi que l’endroit brûlé, et je récite la prière. » Pour les cas les plus difficiles, Céline réitère l’opération tous les jours pendant un laps de temps plus ou moins long.

‒ Tu parles de « prières », y a-t-il un rapport à la religion ?

‒ Je suis croyante non-pratiquante mais je pense que c’est surtout la force de l’intention qui joue. Le fait d’arrêter les brûlures, c’est mon intention et celle de la personne qui fait appel à moi. Je crois que c’est ça qui va faire en sorte que ça marche

À l’instar des autres guérisseurs, Céline refuse vigoureusement toutes formes de paiement pour son don, se situant complètement en-dehors du système économique. « Ce n’est pas vraiment une résistance calculée, je ne me sens pas investie d’une mission d’aller à l’encontre du capitalisme… Mais je suis un peu comme ça. J’aime prendre le temps, j’aime faire couler le café… La vitesse à laquelle va la vie de nos jours me terrifie, il faut tout immédiatement, à cause de tout ce qui est technologique justement. Finalement, ce don est très proche des valeurs que j’ai toujours eues. »

 

 



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