« Ce monde magique, il est à côté de nous »
Au milieu du « Surnateum », une multitudes d’artefacts inquiétants semblent jauger la force de notre rationalité.
Un autel vaudou fait maison ; une tombe complète de la Völva, une terrible sorcière viking ; un fusil mongol en forme de tête de loup ; le nécessaire du parfait chasseur de vampires ; la documentation complète sur les apparitions de fée en Angleterre qui bluffa en son temps l’écrivain Arthur Conan Doyle ; des talismans tibétains retrouvés dans une tombe dogon au Mali ; une boite à magie qui contient les plus grands tours d’illusionnistes prestigieux …
Dans ce véritable cabinet de curiosités, chaque objet, chaque bijou, chaque bibelot est le point de départ de multiples histoires, parfois magiques, toujours incroyables. Et Christian Chelman, notre guide et conservateur de cette étrange collection, ne peut s’empêcher de nous narrer avec passion et détails les anecdotes les plus étonnantes. Comme la fois où les vampires ont failli faire tomber aussi bien l’église que les Habsbourg ou encore la photo du spectre d’Abraham Lincoln qui déchira les Etats-Unis lors d’un procès retentissant.
Quelle que soit l’époque ou le lieu, chaque histoire déborde de magie : « j’en ai besoin ! », nous avoue Christian Chelman. Pas étonnant pour cet illusionniste professionnel qui découvrit quelques années auparavant tout le pouvoir contenu dans un scarabée égyptien. « Je me suis rendu compte qu’il y avait plus de magie dans cet objet que dans n’importe quoi d’autre et cela me donnait une dimension supplémentaire pour mes spectacles. Ce monde magique, vous ne le voyez pas mais il est à côté de nous. »
Explorant son « côté Indiana Jones », Christian s’amuse depuis à traquer ces objets de magie, du vieux-marché de Bruxelles jusqu’aux quatre coins du monde, à retracer leurs histoires, parfois les intégrer dans ses spectacles et, enfin, les rajouter à sa collection du Surnateum.
‒ Pourquoi conserver tous ces objets ?
‒ Parce qu’ils font partie de notre histoire. Au 19e et au 20e siècle, on les supprimait systématiquement. Je crois que chaque culture doit conserver ses traces, ses traditions, parce qu’elles nous rappellent une idée, une façon de penser.
‒ Vous conservez des pensées finalement…
‒ C’est ce qui nous protège des manipulations extérieures. À partir du moment où l’on n’a plus de passé, notre futur risque de s’estomper tout aussi vite. Nous risquons de nous retrouver dans un type de civilisation monochromatique où tout le monde va bouffer les mêmes hamburgers dans tous les endroits du monde et ça, je n’en ai pas du tout envie…
Outre la préservation des pensées magiques, Christian Chelman défend aussi le principe des explications multiples autour d’un phénomène, aussi étrange soit-il. « L’explication ultime est un piège qui limite terriblement l’imagination. Ce n’est pas pour rien que le mot « magie » se trouve au centre du mot « imaginaire ». Tuer la magie, c’est tuer l’imagination. »